L’EXPOSITION
Xiaojun dit :
J’utilise le blanc dans mes travaux pour signifier l’absence et le revêtement qui ont marqué mes quinze années de vie en France. À la fragilité d’être seule et déracinée s’est ajouté un fort sentiment de vivre dans un vide, dans le temps et dans l’espace. Cette introspection m’a amené à considérer la vie comme une grande répétition. Je suis restée vivre dans mon passé, le temps a passé, et toutes les répétitions de mes gestes quotidiens ne m’ont rien laissé. Alors je me suis mis à tracer ces instants, à les inscrire un à un dans le papier, comme une preuve d’avoir vécu. Ils s’entremêlent et s’agglomèrent sans contrôle dans mes peintures, j’en oublie volontairement mon apprentissage très académique du dessin en Chine pour laisser place à une expérience. Avec ces traits, je cherche la relation entre l’absence et l’existence, le vide et le plein.
Un trait est comme un fil, il a deux têtes. Il peut lier deux éléments. Nous sommes nés avec un fil, le premier dans notre vie, nous reliant à notre mère. Avec le temps, nous tissons notre identité, faite d’autres liens, d’une toile de fils invisibles qui nous relient à d’autres personnes. Tout cela nous construit. Être déraciné revient à couper ces fils. Je continue donc à les tracer, ils deviennent les traits, les instants, les marques de mon existence. Ils disent tous : j’étais là.
Un an plus tard, Xiaojun souhaitait revenir à la galerie l’Alcove pour présenter le deuxième acte de cette exposition, car cet endroit a joué un rôle essentiel pour elle de 2018 à 2022. C’est l’endroit où elle a renoué avec ses rêves, l’endroit où l’’affirmation « J’étais là » prend tout son sens.