P’tite Interview de Louis Pouilhe « RECTO VERSO »
- Pourquoi avoir arrêté tes premiers pas dans le métier d’ingénieur pour te consacrer à plein temps au métier d’artiste ?
Parce qu’il fallait faire un choix, je ne pouvais plus faire les deux. Je me suis dit soit je me lance à fond dans la peinture, soit je freine les expos. Et j’ai fait le choix de me consacrer à plein temps à la peinture. Au final mon truc c’était pas de monter une boite mais c’était d’être artiste. Pour autant, j’ai adoré ma formation et mon travail d’ingénieur qui me sert aujourd’hui dans la vie et dans tout ce que j’entreprends !
- Il y a donc un lien entre tes œuvres et ton ancien métier ?
Oui, j’ai gardé une grosse part d’ingénieur dans mon travail d’artiste. Je faisais de la conception et aujourd’hui je fabrique des installations et pour cela j’utilise des logiciels de modélisation en 3D comme quand j’étais ingénieur. De plus, j’étais majeur de promo en visualisation dans l’espace et c’est quelque chose que j’utilise toujours pour peindre des visages et pour faire des installations avec des effets d’optiques. Au final, Je garde le côté « bricolage » que j’avais déjà parce que j’adore ça et je continue de mettre au monde des choses mais d’une autre façon.
- D’où vient ce choix de peindre d’abord le recto avant l’exposition puis le verso pendant l’exposition ?
J’avais cette idée en tête depuis un moment. En fait, je voulais créer une deuxième partie qui soit évolutive et surtout participative notamment avec les échanges du public qui sont important pour moi et qui jouent un rôle central dans l’évolution de mon œuvre. Je voulais aussi voir si les gens allaient avoir peur d’acheter une œuvre s’il y a une autre peinture au dos. C’est une prise de risque mais après tout être artiste c’est surtout expérimenter des choses !
- Pourquoi les échanges avec le public sont si importants pour toi ?
C’est drôle parce que quand j’étais petit, j’étais le plus timide du monde mais j’aime trop parler aux gens. Grâce à la peinture je peux me donner des raisons de parler à des inconnus et je trouve ça trop cool ! Il y a aussi un aspect de revanche, les gens m’impressionnaient quand j’étais petit et aujourd’hui c’est eux qui font évoluer mon œuvre.
- Pour ta nouvelle expo, tu accordes une grande importance au portrait pourquoi ?
J’ai toujours admiré les peintres qui peignaient des portraits réalistes et quand j’étais petit je dessinais tout sauf des visages humains c’était donc déjà un défi pour moi ! De peindre les gens plutôt que de leur parler c’était aussi un moyen de commencer le dialogue. Puis, il y a aussi les shootings que je fais avant de peindre qui sont assez intimes, tout ça c’est très enrichissant pour moi et me permet de sortir de ma zone de confort.
- Comment choisis-tu les personnes que tu décides de peindre ?
C’est un mélange de physique et de feeling. Il y a forcément une dimension esthétique dans ce que je fais puisque je peins des visages mais le plus important pour moi c’est le feeling. Les personnes à qui j’ai proposé de poser avaient un profil atypique mais surtout on avait un bon feeling. Et puis, toutes les personnes que j’ai représentées sont des artistes (photographes, poètes, musiciens, fleuristes) ça doit être pour ça que j’ai un bon feeling avec eux.
- On constate que les mains ont une place prédominante dans ton travail, pourquoi ce choix ?
Ce ne sont pas forcément les mains des personnes qui sont représentées, ça peut être les miennes ou celles d’autres personnes. Pour moi, les mains communiquent beaucoup, racontent beaucoup de choses. Je trouve qu’elles complètent mon œuvre, je ne veux pas être seulement sur une représentation purement physique mais ajouter une dimension de « ce qu’on fait ».
- Tu as une double exposition pour le mois de novembre, peux-tu plus nous en parler et de tes projets futurs ?
Ma deuxième exposition de novembre se déroule dans le village où j’ai grandi dans le Tarn à Lautrec et à Serviès. J’ai mis en place 3 grandes installations optiques et à coté dans une petite salle de la Médiathèque de Lautrec qui est un bâtiment de mon école primaire où j’étais il y a 20 ans je vais exposer « mes veilles œuvres » celles du début quand j’ai commencé à peindre jusqu’à la période où j’ai tout quitté pour faire que ça ! J’ai aussi une autre exposition collective mi-décembre. Pour 2025, je vais faire une expo au Chromatique, un bar associatif et culturel, où je vais faire une installation dans la salle de concert pour les mois de juin et juillet. Et après on verra ce qui arrive !