La p’tite interview de Charlène Planche & Foufounart

Charlène Planche // Foufounart, « Les Absentes » 

Cette interview est un peu spéciale, car elle est collaborative, tout comme votre exposition, Charlène et Marion !

Le titre de votre exposition, visible à l’Alcôve depuis le 12 mars et jusqu’au 29 mars, est « Les Absentes ». Qu’avez-vous cherché à représenter ou à défendre à travers ce titre ?

C : Le corps des femmes est très mal représenté dans notre société, très objectifié, et en tant que femmes, nous avions envie d’apporter un regard plus féminin à cette représentation-là, de redonner une place au corps féminin et de dénoncer les tabous qui l’entourent.

M : Oui, le sexe féminin est très peu représenté dans l’histoire de l’art ainsi que dans notre quotidien. C’est vrai que lorsque l’on regarde des sculptures ou des nus féminins, le sexe féminin est bien souvent caché, tandis que le sexe masculin est lui fièrement montré.

Comment ce projet d’exposition a-t-il émergé ? Quel a été le point de départ et de rencontre entre vos deux univers ?

M : Nous avions déjà eu l’occasion de travailler ensemble sur une exposition collective autour de la féminité, lors du Art Show. J’ai immédiatement été fan de l’univers et de la sensibilité de Charlène. Nous nous sommes rendues compte que nous avions des points de vue qui convergeaient et donc on a eu envie de tisser et collaborer ensemble. Charlène m’a invité à collaborer sur l’exposition à la Librairie à soi.e, et ça a été une belle expérience que nous avons voulu renouveler.

Sur cette exposition collaborative et résolument féministe, je me demande quel a été votre processus de création, l’une et l’autre, puis à deux. Comment avez-vous travaillé ensemble pour créer l’univers artistique de votre exposition, finalement commun et partagé ?

C : C’est assez naturel de travailler ensemble. Pour ma part, ce sont des photographies assemblées numériquement et ensuite, ma démarche consiste à reprendre des allégories, des peintures de la Renaissance, le clair-obscur, la nature morte, et à re-questionner la photographie en tant que matérialité, en brouillant la frontière entre peinture et photographie, dans le but d’interroger le spectateur ou la spectatrice avec ce rendu pictural.

M : Oui, nous avons simplement discuté, on s’est donné nos idées pour les pièces communes. Nous avons créé certaines œuvres pour l’exposition, d’autres existaient déjà avant mais la plupart sont des nouvelles pièces. De mon côté, je combine plusieurs étapes de création : le modelage d’argile polymère, la peinture acrylique pour les monochromes, puis la création numérique sur Photoshop, avant d’imprimer sur papier de soie et de vernir.

Était-il important pour vous deux d’entremêler différentes pratiques artistiques, différents supports et médiums pour créer cette exposition ? Pour quelles raisons ?

M : Oui, nous avions toutes les deux l’envie de créer un univers immersif, avec un côté « petit salon », d’où le service de vaisselle revisité, ou l’ombrelle, c’est-à-dire des objets qui évoquent la place assignée aux femmes dans l’espace domestique et social, et qui nous ont donc amenées à explorer la thématique de l’effacement et du poids des injonctions sur le corps féminin.

Quelles ont été vos inspirations, qu’elles soient artistiques ou personnelles, pour cette exposition ?

C : Le corps de la femme, étant donné que nous sommes toutes les deux des femmes, c’est un sujet qui nous parle. Personnellement, les émotions, mon vécu. L’œuvre Nous saignons rouge fait référence aux publicités que je voyais étant plus jeune à la télévision, avec du sang « bleu »… Puis, je me suis bien-sûr inspirée des tableaux de la renaissance, comme je le disais plus haut.

M : Comme d’habitude, je représente des parties de corps féminins représentés habituellement sous un regard masculin, ou non représenté. Cette fois-ci, j’ai été inspirée par la triste actualité des féminicides et j’ai eu envie de créer l’œuvre Pour le meilleur, etc. à partir de cela. Ils restent très tabous bien qu’ils soient de plus en plus médiatisés. J’ai créé cette œuvre sur le principe des ex-vottos, pour rendre un hommage aux femmes victimes de féminicides, en donnant leurs noms et leurs âges, afin de rendre les féminicides « visibles », tangibles en quelques sortes.

Pourriez-vous, l’une, puis l’autre, choisir une de vos œuvres, importantes ou significatives pour vous, et nous en parler plus en détails ?

C : Éternel jeunesse, c’est une œuvre assez simple dans la composition et le photo-montage mais qui dévoile un message assez fort : l’injonction dont sont victimes les femmes, de ne pas vieillir et de conserver un corps « beau » et jeune.

M : J’aimerais vous parler d’Origine, la petite pomme rouge que j’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser. Elle fait référence à L’Origine du monde, à Adam et Ève, et au mythe du péché originel.

Pour finir cette interview, quel(s) message(s), ou quelle(s) émotion(s), souhaiteriez-vous laisser à vos lectrices et lecteurs, aux visiteuses et visiteurs à propos de cette exposition ?

C : Cette exposition invite à questionner et re-questionner cette société patriarchale. Nous avons cherché à provoquer des émotions, quelles qu’elles soient finalement, comme celles représentées dans nos œuvres, à travers certaines de mes photographies comme Lacrimae, ou encore Je ne rentre pas dans vos cases. Nous avons voulu mettre en avant les femmes qui ont été invisibilisées, notamment à travers la vitrine de l’exposition, avec leurs prénoms et leurs noms.

M : Je rajouterais que le message est d’encourager les femmes, comme les hommes, à s’émanciper d’un modèle qui n’épanouit ni les un.es ni les autres !

Exposition « Les Absentes », du 12 mars au 29 mars 2025 à la Galerie l’Alcôve

Instagram de Charlène Planche

Site internet de Charlène Planche 

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Instagram de Foufounart (Marion)

Site internet de Foufounart (Marion)

 

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