Retour sur l’exposition de Flore Belin , dans la continuité des entrevues d’artistes.
Présentes nous, en quelques mots, ce qui caractérise ton travail plastique.
Mes premières peintures étaient sur cartons. Des formes abstraites, comme des structures aléatoires, à force de recherches et de travail, j’ai pu isoler mon sujet : la forme esquissée d’une maison… Cette forme en s’imposant est devenue fondamentale, elle est au coeur de chaque peinture. J’ai ensuite essayé la toile “traditionnelle”, mais : trop fragile, trop classique, trop lourde… j’ai alors commencé à peindre sur de la toile à matelas, puis sur d’autres tissus. Cette démarche a pris un certains temps à s’installer, m’apportant une véritable satisfaction autant dans le travail que dans le rendu final.
Comment choisis-tu les tissus sur lesquels tu peins?
Des draps blancs, en lin de préférence, je m’approprie aussi des tissus à motifs. Tous en matières naturelles, des tissus qui m’évoquent des souvenirs familiers. J’utilise aussi le plastique, qui m’apporte de la transparence, comme un effet calque. Graphiquement, j’utilise le dessin du tissu, en m’appuyant sur ses formes. Un tissu d’intérieur simple et solide ; pas de scènes historiques, de rappels bibliques signés, avec la toile à matelas je laisse tomber ce lourd héritage, c’est léger, sans pression…
Ton travail se ressent comme très intuitif. Peins-tu principalement à l’instinct, ou y a-t-il quand même une part d’intention ?
Je peins à l’instinct, avec en fond la forme de la maison établissant le lien entre fond et couleur. Je me laisse souvent emporter par la peinture, les couleurs sont alors exigeantes, me dépassent. Plus intuitive que gestuelle, ma peinture est figurative et autobiographique!
Dans ta série de peintures sur tissus à motifs, comment s’établie la construction entre les dessins déjà existants sur le tissu et ton trait ?
Dans cette série, comme dans d’autres de même constitution, je choisis de structurer la maison en fonction des pleins des motifs, et des vides du fond, et inversement. Ce procédé change totalement la perception que l’on a du dessin et du tissu. C’est la recherche de quelque chose inconnu sous le tissu.
Conçois-tu les foulards comme les peintures ?
Oui, de la même façon. Bien que la technique soit très différente. Tout d’abord la soie se travaille tendue, le tissu de soie a la caractéristique de faire fuser les couleurs. Aussi, la peinture sur soie se travaille comme à l’envers sans retouche, il faut accepter le premier jet tel quel, c’est en ça que cela rejoint mon autre pratique de peinture, il s’agit là aussi d’instinct.
Quel est ton rapport à l’architecture des espaces dans lesquels tu exposes tes peintures ?
Je conçois une exposition comme un tableau, cherchant des équilibres de formes et de couleurs. Parfois, des cassures sont nécessaires à la mise en valeur d’une toile. Le tout composant un ensemble rythmé et conforme, si possible, à ma propre vision.
Quels sont tes prochaines projets/travaux artistiques ?
Je continue mon chemin de peinture sur supports divers, je partage une partie de mon temps entre gravure, céramique et musique. Très régulièrement, je peins avec un groupe d’artistes : Art’dep.
Rédaction : Camila Ragonese.